Histoire de la malle de voyage
1. Le bargueño
En 1975, Patrick Matéos, alors tout jeune ébéniste, a restauré un cabinet de voyage espagnol, aussi appelé bargueño. Il s'agit d'un meuble secrétaire datant de la fin du XVI siècle. À l'époque, le service de la fourrière, placé sous l'autorité du premier maréchal des logis, transportait sur des chariots tirés par des chevaux les meubles du roi et de sa cour d'une résidence à l'autre. Ils contenaient les titres de propriété, bijoux, potions et autres onguents... Ces meubles étaient assez résistants pour être chargés et déchargés à maintes reprises. Les assemblages étaient ainsi l'élément principal qui en garantissait la solidité. On connaît bien sûr la célèbre queue d'aronde, mais les ébénistes utilisaient également d'autres types d'embrèvement ainsi que des entures pour restaurer les meubles vieillissants. Les façades quant à elles étaient souvent réalisées en marqueterie et les encadrures étaient en bois, naturellement foncé, comme l'ébène ou tout simplement teints.
2. La malle-lit Louis Vuitton
Nous poursuivons dans l'histoire de la malle de voyage avec la malle-lit appelée aussi malle belge de Louis Vuitton, présentée pour la première fois à l'exposition universelle du Havre en 1868. Elle est initialement destinée aux officiers en déplacement, notamment dans les colonies. Véritable lit de camp pliant, elle se transporte facilement dans les convois militaires et permet de dormir confortablement n'importe où. La particularité de cette malle-lit réside dans un montage et un démontage très simple et très rapide. Louis Vuitton dépose d'ailleurs un brevet pour cette invention. L'usage militaire sera ensuite détourné par les grands explorateurs tels Pierre Savorgnan de Brazza qui en achète plusieurs pour ces nombreuses expéditions. Cette malle-lit est une valise en bois de laquelle un système de pieds articulé en métal se déplie et sur laquelle on vient tendre une toile avec des ressorts. Pour en améliorer le confort, on ajoute alors une épaisseur de matelassure.
3. La malle automobile Louis Vuitton
À la fin du XIX siècle, l'automobile était de plus en plus utilisée par la grande bourgeoisie pour se déplacer sur le continent. Les châssis et moteurs étaient alors livrés à des grands carrossiers comme Labourdette, Kellner, ou encore Rothschild qui réalisaient la sellerie et la carosserie, etc. Georges Vuitton était un passionné d'automobile et il travaillait en collaboration avec ces grands carrossiers pour réaliser une bagagerie sur-mesure qui permettait aux voyageurs d'emporter leurs affaires. Les bagages sont alors fixés sur le toit ou à l'arrière des véhicules et sont réalisés de façon à être étanches à l'eau et à la poussière.
En concevant la malle de voyage Campinambulle, Patrick Matéos s'est ainsi inspiré de l'histoire de l'art, adaptant ce bargueño aux véhicules actuels tout en lui ajoutant une partie couchage dans l'esprit de la malle-lit Vuitton. Fidèle au savoir-faire d'ébénisterie que lui a transmis son père, il a souhaité garder un assemblage traditionnel, le double embrevet d'angle, pour garantir la solidité du meuble. La cuisine qu'il a conçue, quant à elle, est le fruit de son talent d'architecte d'intérieur et d'agenceur. Entre tradition et modernité, nous sommes fiers de rendre hommage aux grands ébénistes !
Comme disait Bernard de Chartres, « Nous sommes comme des nains assis sur des épaules de géants. Si nous voyons plus de choses et plus lointaines qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux. »